Les vastes étendues de la haute-mer sont difficiles d’accès, la présence humaine n’y est que transitoire, et elles restent donc encore aujourd’hui des territoires largement méconnus. Le constat est simple : environ 14 000 navires de plaisance fréquentent le milieu hauturier chaque année, contre seulement une centaine de campagnes océanographiques. D’une part, les expéditions scientifiques fournissent des données de grande qualité, obtenues selon des protocoles complexes et suivis dans le temps ; mais elles sont peu nombreuses. D’autre part, les plaisanciers -amateurs ou professionnels- n’ont peut-être pas la compétence technique de conduire de tels protocoles, mais ils sont bien plus nombreux, et souvent plus flexibles sur leurs trajectoires.

Dans Citizen into Science, ces 2 mondes sont réunis pour servir un objectif : mieux décrire les microclimats et les variables océanographiques de surface (courants, salinité, phytoplancton, etc.) dans les immensités de la haute mer, à moindre coût-carbone. Ce projet se matérialise par un boitier low-cost, développé par la startup française OceanoVox, qui habilitera les voiliers de plaisance à l’échantillonnage automatique des couches supérieures de l’Océan selon des protocoles prévus par des scientifiques de l’IFREMER. Sa connexion continue à un réseau de nano-satellites autorisera un suivi scientifique en temps réel, tout en fournissant un accès réseau aux zones et communautés humaines reculées.

Les données seront librement accessibles aux scientifiques internationaux, et nourriront les bases de données du Global Ocean Observing System (GOOS) pour la création d’un « jumeau digital » de l’Océan. La diffusion des résultats aux propriétaires des bateaux et grand public permettra de sensibiliser les acteurs de la plaisance et démocratiser les sciences océaniques.