Les grands mammifères marins tels que les baleines et dauphins sont d’importants indicateurs de l’état de santé de l’Océan, par leur rôle central dans la structure et l’équilibre des chaînes alimentaires, et le cycle du carbone. Ces espèces emblématiques parviennent à se repérer, trouver leur nourriture, et communiquer à des centaines -parfois des milliers- de kilomètres grâce aux sons. De nombreuses activités humaines à la surface (moteurs, sonars, etc.) et dans les profondeurs de l’Océan (cables de télécommunication) interfèrent avec ce système sensoriel et modifient les trajectoires de migrations, menant parfois jusqu’à l’échouage de ces animaux désorientés.

L’expédition Biossa, portée par l’association Sphyrna Odyssey, va corréler pour la première fois une approche globale par imagerie satellite, à une collecte de données in-situ, au moyen de drones marins autonomes. Ces laboratoires flottants permettront un suivi non-invasif inédit du déplacement et des chants des cétacés, au regard de leur environnement sonore (mesuré par des hydrophones), et d’indices physiologiques laissés dans le milieu (métabolites et ADN environnemental). Les signaux sonores et biochimiques nourriront un modèle d’intelligence artificielle (deep learning) développé par les Université de Toulon, et le laboratoire de bioacoustique de l’UFRN (Brésil). Il permettra de mieux décrire les effets de la pollution sonore sur les dynamiques des populations ; au bénéfice de 5 espèces de baleines et 3 espèces de dauphins.

L’objectif est d’établir un argumentaire scientifique pionnier, qui appuiera une législation attendue pour réguler la pollution sonore marine et éviter ses conséquences désastreuses sur les mammifères marins.