Floating Reef
Une bouée d’amarrage écologique au secours des herbiers de posidonie et leur biodiversité
LOCALISATION
Marseille et archipel du Frioul, France
L’ancrage répété des bateaux de plaisance impacte les fonds marins : en Méditerranée, cette pratique contribue à dégrader les précieux herbiers de posidonie. Le projet Floating Reef a pour but de développer une bouée de subsurface éco-conçue et durable. Les multiples surfaces d’accroche de cette bouée-récif, biogénique et flottant entre deux eaux fourniront un refuge idéal pour les espèces végétales et animales locales. Combinant biopolymères imprimés en 3D et matériaux de réemploi , ce concept à faible impact carbone pourrait être facilement répliqué dans le monde entier.
Les enjeux de la conservation des herbiers de posidonie
En Méditerranée, les sites de plaisance les plus fréquentés voient l’apparition de dégradations croissantes sur les précieux herbiers de posidonie, sous l’influence des systèmes d’ancrages individuels. La repousse est très lente: l’herbier ne s’étend horizontalement que de quelques centimètres par an, et verticalement d’un mètre par…siècle. En conséquence, 10% des herbiers de posidonie ont déjà disparu ces dernières décennies.
Pourtant ces habitats sont parmi les plus productifs de la planète, et d’une grande diversité biologique : s’ils représentent moins de 3% de la surface de la Méditerranée, 30 à 40% des espèces en dépendent pour tout ou partie de leur cycle de vie. Ils sont également pourvoyeurs d’un grand nombre de services écosystémiques: supports pour la vie marine, ils oxygènent l’eau, fixent les sédiments et d’importantes quantités de carbone dans leur réseau racinaire (la « matte »), et protègent les cotes meubles de l’érosion en atténuant la houle et formant des ‘banquettes’ sur les plages. Ressources de pêche, atténuation du changement climatique, protection contre les évènements extrêmes, valeur patrimoniale, culturelle et touristique… : la valeur économique des herbiers disparus est estimée à environ 4 milliards d’euros par an.
La mise en place de « mouillages écologiques », bouées d’amarrage fixes est une solution efficace pour éviter le recours aux ancres individuelles, mais la plupart sont issues de l’industrie pétrochimique et nécessitent un entretien régulier pour résister aux UVs et à l’encrassage. Le projet Floating Reef vise à développer une bouée d’amarrage biomimétique plus écologique et plus durable : conçue en matériau biogène et imprimée en 3D, sa structure servira de refuge à diverses espèces locales. Aucun entretien ne serait alors nécessaire et chaque bouée pourrait durer plusieurs décennies. À terme, plusieurs de ces bouées-récifs flottant entre deux eaux seraient déployées dans une même zone pour créer un sentier sous-marin éducatif afin de sensibiliser le grand public à la préservation de la biodiversité. Ce concept serait réplicable partout dans le monde. Un suivi scientifique est également prévu pour mesurer l’efficacité des bouées sur le long terme.
Phase I : les développements d’un projet d’ingénierie
Le récif artificiel flottant était initialement conçu en béton imprimé en 3D, pensé pour imiter l’organisation interne des éponges de type Ascon. Cette structure biogénique devait ainsi maximiser les surfaces colonisables par la vie marine, tout en assurant sa viabilité (échanges gazeux, apports en nutriments, etc.).
Une deuxième phase d’ingénierie conduit les architectes a alléger et simplifier la structure de béton pour une sphère d’ossature métallique. La flottabilité de la structure est assurée par des bouchons de liège contenus par un assemblage de filets issus d’une filière de réemploi des déchets de pêcheries locales. Des modules inspirés des polypes des coraux méditerranéens permettent les échanges de gaz et de nutriments avec l’habitat environnant, en dispensant des caches et abris pour petits invertébrés et juvéniles de poissons.
Les développements finaux allègent encore le récif flottant en limitant le recours à l’ossature métallique par des modules en biopolymères imprimés en 3D. Les bouchons de liège sont maintenant contenus dans de multiples modules, dont la précision d’assemblage solidifie l’ensemble de la structure, en permettant les flux d’eau au travers du récif.
Les espaces disponibles à la vie sont maximisés dans une structure durable, valorisant des matériaux locaux de réemploi.
OBJECTIF DU PROJET
Concevoir une bouée d’amarrage de subsurface pour préserver les herbiers de posidonie et favoriser la biodiversité locale.
ACTUALITÉS
Phase II : étude du déploiement des bouées expérimentales en Méditerranée (2023)
Le premier prototype Floating Reef est dévoilé en septembre 2022 à St-Tropez, face aux équipages internationaux du Sail GP (évènement partenaire du projet) et acteurs maritimes locaux.
Les bouées expérimentales à l’échelle 1:1 sont en réalisation au cours de l’hiver 2022-23, pour une immersion prévue courant 2023. Plusieurs sites sont étudiés pour recevoir ces premières itérations.
Un premier site majeur a été identifié sur les îles de l’archipel du Frioul à Marseille, en aire d’adhésion du Parc national des Calanques. Plusieurs emplacements sont à l’étude, suivant une variété de pressions liées aux activités de pêche et de plaisance, tout en assurant leur accessibilité au public.
Des concertations sont actuellement menées avec les autorités maritimes pour en valider la réalisation sur le domaine public.
L’installation de modèles-tests au sein de sites propriétaires ou concessions privées sur le reste du littoral est également considérée ; avec l’objectif de maximiser la diversité des environnements physiques (contraintes mécaniques liées aux vagues, courants, etc.), et biologiques (communautés vivantes et types d’habitats) autour des bouées expérimentales.
Phase III : le suivi du retour de la biodiversité autour du récif (2023-2025)
Le suivi scientifique des dynamiques de colonisation de la bouée récif et du repeuplement de l’herbier environnant pourra démarrer à la mise à l’eau des premières itérations.
Il permettra d’abord une validation expérimentale des matériaux employés : quelle résistance aux conditions du milieu ? Quelle affinité des organismes marins pour ces substrats ?
Par ailleurs, au-delà d’une nouvelle surface immergée, le récif constitue un nouveau type d’habitat. La bouée récif flottante est isolée du fond (et des organismes qui y résident), et est spécifiquement accessible aux espèces vivant en pleine eau (algues, larves planctoniques, poissons juvéniles et adultes, etc.).
Le programme de suivi de ces communautés biologiques inédites s’établira sur plusieurs années, sera marqué par la mise en commun des données et résultats entre toutes les parties prenantes, et la publication à large échelle des conclusions du projet.
APPEL AUX PARTENAIRES POUR ÉTENDRE L’EXPÉRIMENTION
Nous souhaitons développer l’impact du projet !
Les développements suivants sont ouverts à de nouveaux partenaires pour leur financement :
EXPERIMENTATION
- Immersion d’une bouée-récif expérimentale dans un lieu
- Une journée expérimentale sur site d’immersion avec les scientifiques
INNOVATION
- R&D et ingénierie technique pour la bouée-récif V3 (amélioration continue)
- Fabrication des prototypes de la bouée-récif V3
SENSIBILISATION – EDUCATION
- Création d’un sentier sous-marin éducatif, parcours pédagogique
- Conception installation d’une exposition dans les locaux du partenaire
Contacter Thomas 06 47 86 08 01 ou Gwen 06 15 32 06 65
PORTEURS DU PROJET
Olivier Bocquet, architecte recherche et innovations durables chez Rougerie + Tangram, directeur du Tangram Lab, Marseille, France.
Théo Jarrand, architecte, chargé d’étude Lab chez Rougerie + Tangram, Marseille, France.
Dr. Laurence Le Direach, chargée de recherche et d’administration du GIS Posidonie, Institut Méditerranéen d’Océanologie, Marseille, France.
Dr. Thierry Thibaut, phycologue et écologue, enseignant-chercheur à l’Institut Méditerranéen d’Océanologie, Marseille, France.