Les Requins
Elasmobranches, késako ? A l’occasion de la ‘Shark Week’ du 24 au 30 juillet, Pure Ocean vous propose d’en apprendre chaque jour un peu plus sur les requins !
La Shark Week est une initiative portée par la chaîne américaine de documentaires Discovery Channel depuis 34 ans. Initialement orientée vers le sensationnalisme, elle a participé à la diffusion de la réputation des requins ‘chasseurs d’hommes’ que l’on connait actuellement. Tout comme les enjeux associés, l’événement a beaucoup évolué ces dernières décennies, et se consacre maintenant à l’éducation des téléspectateurs aux menaces qui pèsent sur les requins et leurs habitats, et dissiper les mythes autour de leur image. En 2022, elle est est devenue l’un des événements médiatiques de conservation des requins les plus suivis autour du globe.
A l’occasion de la #SharkWeek, Pure Ocean vous propose d’en apprendre un peu plus sur les requins !
Comme les raies, les requins sont des poissons au squelette cartilagineux, apparus sur terre il y a environ 400 millions d’années, bien avant l’être humain ! On en recense aujourd’hui environ 500 espèces, réparties entre la surface et les profondeurs de l’océan
Si certains requins ne mesurent que de quelques centimètres, d’autres comme le requin baleine, peuvent mesurer jusqu’à 18 mètres de longueur !
Les requins jouent un rôle écologique majeur, car la plupart sont des “top-prédateurs” : ils régulent les populations des espèces placées en dessous d’eux sur la chaîne alimentaire en prélevant les individus malades ou affaiblis.
S’ils sont souvent présentés, à tort, comme un danger pour l’homme, l’homme est lui une vraie menace pour les requins: 70% des requins et raies pélagiques ont disparu de l’océan en un demi-siècle, sous l’effet de la surpêche.
L’image des requins ‘mangeurs d’hommes’ n’est pas nouvelle. Pour certains historiens de l’Antiquité, le nom ‘requin’ serait même dérivé de la prière latine ‘requiem’.
Cette mauvaise réputation s’est définitivement installée dans les médias modernes après la publication du roman Les Dents de la Mer par le journaliste Peter Benchley en 1974, puis par l’adaptation cinématographique de Steven Spielberg l’année suivante. Depuis, les 2 hommes n’ont jamais caché leurs regrets quant à l’influence culturelle de cette fiction, et se sont par la suite très impliqués dans la conservation des requins et la protection du milieu marin.
Il faut dire que le bilan est bien inégal: à l’échelle du globe, pour 10 attaques mortelles de requins, plus de 100 millions de requins sont tués chaque année. Statistiquement, le risque est bien plus important d’une mort par foudroiement (10 000 par an) ou même d’une chute de noix de coco (~150 par an) ! Par comparaison, 725 000 décès annuels sont attribuables aux conséquences des piqûres de moustiques. Seules 3 espèces de requins sont impliquées dans ces attaques (requins bouledogue, grand blanc et tigre), principalement à cause de… leur vue défaillante !
Il est urgent de protéger les requins, notamment en changeant la réputation imméritée de ces précieux animaux marins, menacés dans toutes les mers du globe. Gageons que le sourire bien fourni de ce grand requin blanc achève de vous en convaincre
Partout autour du globe, les populations de requins sont en chute libre: ils sont aujourd’hui 70% moins nombreux qu’ils ne l’étaient au pic de gloire des expéditions Cousteau, il y a seulement 50 ans. 1 espèce sur 2 est menacée d’extinction en Méditerranée, et 1 sur 3 en moyenne dans l’océan mondial.
En cause ?
La surpêche ciblée: les ailerons sont très prisés sur les marchés asiatiques pour la préparation de soupes, repas “de luxe” qui se démocratisent aujourd’hui pour des centaines de millions de consommateurs. Si la découpe d’ailerons sur individus vivants (finning) est interdite en Méditerranée, elle est encore largement pratiquée partout ailleurs, y compris dans les eaux européennes.
Les prises accessoires: les individus, notamment parmi les espèces pélagiques, sont piégés par des méthodes de pêches non sélectives. Ils sont alors rejetés morts dans le milieu, ou vendus pour consommation (hormis pour quelques espèces, la loi française l’autorise). Les labels et pêcheries certifiées tendent à limiter cet impact.
La destruction ou dégradation de leur milieu de vie par les activités humaines à l’échelle locale (artificialisation du littoral, chalutage de fonds, etc.) ou globale (changement climatique). Pour exemple, les espèces habitant les récifs coralliens, comme le requin léopard (en photo) dépendent de la bonne santé des coraux, qui sont aujourd’hui directement impactés par le réchauffement des eaux de surface.
Ces pressions sont aggravées par la faible capacité de reproduction des requins. La gestation est longue (souvent supérieure à 1 an), peu de petits par portée (2 à 20), et la maturité sexuelle est très tardive (33 ans pour la femelle grand requin blanc !).
Le saviez-vous ? Les plus grands requins mangent les plus petites proies !
Le requin baleine (en photo) est aujourd’hui le plus grand poisson vivant sur Terre. Il peut atteindre 34 tonnes et 18 mètres de long… en se nourrissant exclusivement de microplancton (algues et animaux d’une taille souvent inférieure au millimètre).
Animal majestueux, il est parfaitement inoffensif pour l’Homme et fait le bonheur des plongeurs qui ont la chance de le croiser. Il est présent dans les eaux chaudes de l’Atlantique, du Pacifique, et de l’Océan Indien . En Méditerranée, il est plus courant de rencontrer son proche parent: le requin pèlerin. Tous deux sont classés ‘En danger’ par l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature).
En comparaison, les grands requins blancs, fameux carnivores de cinéma , ne dépassent pas les 3 tonnes et 6 mètres de long…
A l’inverse, le squalelet féroce est l’un des plus petits requins de la planète (adulte, il mesure moins de 50 cm). Habitant des abysses, il chasse en s’arrimant aux grands animaux marins avec ses puissantes mâchoires, pour en découper des rondelles de chair. Petit, mais puissant.
Les ‘grands’ prédateurs ne sont pas toujours ceux que l’on croit !
Si les espèces les plus emblématiques (requins marteau, requins-baleine, requins citron, requins pointe noire, etc.) sont souvent les requins des mers tropicales, une grande diversité d’espèces peuple également les côtes de France métropolitaine !
On estime qu’une quarantaine d’espèces sont présentes en Méditerranée septentrionale, et une centaine sur la façade Atlantique. Parmi eux, les grands pélagiques tels que le requin peau bleu (en photo, espèce la plus pêchée au monde), le requin-taupe, le requin pèlerin, le requin mako, mais aussi le célèbre grand requin blanc. Sur le fond , les requins benthiques communs sur nos côtes sont les roussettes, le requin Hâ, les aiguillats et les émissoles.
Notons également la présence -extrêmement rare- sur nos côtes des anges de mer, requins benthiques aplatis tels des raies, classés ‘En danger critique d’extinction’ selon l’UICN.
L’état de protection des requins en France est variable selon les espèces mais demeure très insuffisant. Les conventions internationales sur la protection de la faune et de la flore sauvages, de Barcelone (1976) à Berne (1979), ne sont pas systématiquement appliquées par des décrets à l’échelle nationale. A ce jour, la loi française autorise par exemple la vente et la consommation de requins (y compris d’espèces protégées), si leur capture est “accidentelle”. Non sans entretenir un certain ‘flou’ juridique chez les consommateurs…