DEEP SEA MINING

Une décision capitale pour l’océan et le climat 

En ce mois de juillet 2023, l’avenir de l’océan profond se joue à Kingston (Jamaïque), siège de l’Autorité Internationale des Fonds Marins. 

Réunis en assemblée générale, les 168 pays membres de l’AIFM doivent statuer sur l’autorisation d’exploitation des ressources minières de la faille de Clarion-Clipperton, dans le Pacifique. 

Au centre des convoitises : les nodules poly-métalliques, riches en manganèse, cuivre, nickel et cobalt, présents parmi les sédiments du plancher océanique. 

Présentés comme indispensables à la transition énergétique des pays du Nord, et une opportunité de développement économique, un nombre croissant de voix s’élève face aux impacts associés.  

 

  1. Les sédiments marins forment le plus grand stock de carbone de la planète, séquestré depuis des millions d’années. Faut-il prendre le risque de ré-émettre ce carbone dans l’atmosphère pour fabriquer les batteries de nos véhicules décarbonés ?
  2. Les plaines abyssales sont l’habitat d’une faune abondante, spécifique, et encore très largement inconnue ; en attestent encore les dernières explorations notamment réalisées par le @MBARI @SchmidtOceaninstitute. Quel devenir pour cette biodiversité unique, qui renferme probablement les ressources génétique et biologiques de demain ? 
  3. Les micro-organismes présents à la surface et autour des nodules pourraient être absolument essentiels pour la régulation des chaînes alimentaires des abysses, et… dans la minéralisation du carbone !  

…D’innombrables arguments pèsent en faveur d’une réflexion scientifique approfondie sur les enjeux autour du « Deep Sea Mining ».  

Une coalition menée par la France, le Chili et quelques états insulaire du Pacifique plaide aujourd’hui pour une « pause de précaution » sur l’exploitation minière. Aujourd’hui ratifié par une vingtaine de pays, ce moratoire est encore minoritaire, mais pourrait bien bénéficier d’un agenda international favorable (accord ‘30×30’ de Montréal-Kunming, traité ‘BBNJ’ de la biodiversité en haute-mer, etc.). 

 Alors qu’une trentaine de demandes de licences a officiellement été déposée, nul doute que cette décision inédite fera jurisprudence pour l’océan global.   

Crédits photos : Philweb et Schmidt Ocean Institute https://lnkd.in/edW_MK7