Gilles Bœuf nous parle de sa vision de l’océan ! Edition spéciale du Figaro – Mercredi 08 juin 2022
Le 8 juin dernier, Le Figaro ouvrait ses pages à Pure Ocean, mais aussi à ses #mécènes, partenaires et ambassadeurs et autres invités de marque, pour rappeler l’importance de l’océan et l’urgence absolue de le préserver dès aujourd’hui.
Nous sommes ravis de vous proposer de lire une interview de Gilles Bœuf, océanographe, spécialiste de la physiologie environnementale et de la biodiversité, et membre du Comité Scientifique de Pure Ocean. En quelques lignes, Gilles Bœuf résume sa vision de l’océan. En effet, celui qui fut durant 7 ans président du Museum National d’Histoire Naturelle, pose un regard bienveillant et objectif sur l’état de l’océan et de sa biodiversité.
Découvrez ses mots dans l’article en première page
“« L’océan est un milieu exceptionnel. » C’est par ces quelques mots que Gilles Boeuf, océanographe, spécialiste de la physiologie environnementale et de la biodiversité, résume sa vision de l’océan. En effet, celui qui fut durant 7 ans président du Museum National d’Histoire Naturelle, pose un regard bienveillant et objectif sur l’état de l’océan et de sa biodiversité.
Un milieu unique.
L’océan recouvre près de 71 % de la surface de la planète et joue un rôle indispensable au bon Fonctionnement de la vie sur Terre. Ce que l’on sait moins, c’est que c’est dans ces eaux du globe qu’est apparue la vie sur terre, il y a environ 3,9 milliards d’années. Aujourd’hui, toutes les espèces vivantes, quelle que soit leur nature (plantes, animaux, bactéries, protistes…) sont issues du milieu marin, qu’elles ont, pour la plupart, quitté au fil des évolutions. Néanmoins, on ne dénombre que 300 000 espèces vivantes actuellement dans l’océan, soit 13 % de l’ensemble des espèces.
« Certaines d’entre elles, comme les étoiles de mer ou les oursins, n’ont d’ailleurs jamais quitté l’océan, précise Gilles Boeuf. C’est un milieu unique, caractérisé par sa connectivité, sa salinité et sa stabilité. »
Or la vie aime particulièrement ce qui est stable, car cela lui permet de se développer le mieux possible. Ainsi, l’océan est un milieu extraordinairement vivant : « Le vivant a près de 4 milliards d’années sur cette planète, poursuit Gilles Boeuf, il a tout subi. Mais la vie est toujours présente car le vivant a su s’adapter. Or, aujourd’hui, l’Homme ne s’adapte pas. Il doit comprendre qu’il doit chérir l’océan pour se sauver lui-même, car c’est un océan vivant qui garantit la vie. En détruisant l’océan et sa biodiversité, on détruit nos chances de survie. »
Un vivier d’innovations
On ne connaît que 10 % des fonds marins au-delà de 200 m de profondeur. Pourtant, l’océan nous a déjà offert – et continue de nous offrir – de multiples mines d’inspirations. Pour preuve, 13 prix Nobel sont directement issus de la recherche océanique, les énergies marines sont une solution énergétique décarbonée inouïe, les nombreuses molécules naturellement présentes dans l’océan sont un modèle pour l’industrie, la chimie verte et la pharmaceutique, tandis que les créatures marines sont sources de nouvelles trajectoires et solutions technologiques dans les domaines de l’aéronautique, de la robotique ou encore du médical. L’océan est plein de ressources, mais si elle porte nos solutions pour le futur, la biodiversité marine s’érode sous l’influence des pressions humaines.
Des dangers connus, que l’on peut combattre « L’océan rencontre cinq risques majeurs selon Gilles Boeuf. La dissémination de tout, partout, la surpêche, la pollution, la destruction du littoral et le changement climatique. Tous liés à l’activité humaine.
Aujourd’hui, par exemple, on estime à 30 000 tonnes environ le volume de pêche illégale annuelle. Un chiffre qui, ajouté à celui de la surpêche, met à mal les stocks de poissons de la planète. Toutefois, on a pu constater par le passé qu’il est tout à fait possible de relancer ce stock. C’est un problème de démesure. Heureusement, nous pouvons nous appuyer sur quatre piliers pour faire changer les choses : la science qui, nous le voyons chaque jour, fait des découvertes incroyables et permet de nombreuses innovations en faveur de la biodiversité marine et de la
préservation de l’océan ; la politique, avec certes encore de nombreux progrès à faire mais qui, depuis la COP21, prend en considération l’océan ; les ONG et les citoyens, les premières œuvrant à la protection de l’environnement et les seconds pouvant faire de leurs décisions un moyen de pression en faveur de l’océan en particulier, et de l’environnement en général ; et enfin le monde de l’entreprise qui, dans une société comme la nôtre, occupe une place de choix. »
Au centre de tout cela, on retrouve l’Homme, espèce composée à près de 60 % d’eau – trace s’il
en fallait de son passé océanique – qui peut inverser la tendance… « Quand l’Homme acceptera qu’il est dépendant des autres espèces, il vivra mieux » conclut Gilles Boeuf.”